L’enseignement obligatoire implique l’ouverture obligatoire des écoles
La réouverture complète des écoles est une excellente idée. La limitation à 4 m² par élève et à 20 élèves maximum par classe n'était que le résultat d'un mauvais compromis. Dans la mesure où il n'y a pratiquement pas de classes de 88m² et que le nombre moyen d'élèves par classe s'élève déjà à 20,4, ce compromis a fait obstacle à l'ouverture effective et complète des écoles. Nos ministres de l'enseignement ont décidé à juste titre de suivre les conclusions scientifiques selon lesquelles les élèves ne sont pas le moteur du virus. Ils s’inspirent en cela du Danemark, où le covid-19 n'a pas connu de recrudescence après la réouverture des écoles depuis la mi-avril.
Malheureusement, certaines écoles ont déjà annoncé qu'elles ne rouvriraient pas leurs classes. Vu les coûts énormes et croissants à long terme découlant de la fermeture des écoles, les troubles psycho-sociaux de plus en plus sérieux des jeunes relayés par les pédiatres et la pétition des 16.000 médecins généralistes et les défaillances de l'enseignement en ligne, cette décision est discutable. En effet les inégalités entre écoles sont les plus élevées dans notre pays. Si l’on regarde les scores PISA en mathématiques, à l'âge de 15 ans, on constate un écart entre les écoles les plus performantes et les moins performantes de près de 160 points PISA. Cela est vrai tant pour l’enseignement francophone que pour l’enseignement flamand. Dans la mesure où 40 points PISA sont l'équivalent de ce qu'un élève apprend au cours d'une année scolaire, la différence moyenne entre ces écoles d’en haut et celles d’en bas dans l’enseignement général peut atteindre quatre années scolaires. Dans les écoles professionnelles et techniques, cette différence est d'environ 2,5 ans. Un autre aspect important est l’impact à long terme de la fermeture des écoles. Une économiste Michèle Belot a estimé l’impact durable de la grève des enseignants francophones entre mai et novembre 1990 en comparant les cohortes d’élèves francophones impactés par cette grève et les élèves flamands non impactés par la réforme.[1] Les conclusions sont sans appel : les trajectoires scolaires sont fortement perturbées avec une baisse de 0,7 année de la durée des études (liée à des décrochages et abandons scolaires), les inscriptions dans l'enseignement supérieur sont réduites, et l'échec en première année augmente. Dans l’'Ecole de la Réussite (2017) nous montrons que les élèves de familles modestes ont 7 fois plus de risque d'échec scolaire! La fermeture prolongée des écoles risque de laisser des séquelles durables. Les gens se trompent donc quand ils prennent l'exemple des grèves de l’enseignement pour dédramatiser les conséquences de la fermeture des écoles.
Nos ministres de l'enseignement doivent donc décider de rendre obligatoire l'ouverture complète des écoles primaires. Dans des circonstances normales, l’autonomie des écoles est défendable car elle confère une impulsion de qualité à notre éducation. Mais dans les circonstances exceptionnelles du moment, cette autonomie devient une véritable source d'inégalité. Certaines écoles primaires rouvriront complètement, de sorte que les élèves bénéficieront à nouveau de l'encadrement professionnel de l'enseignant, recevront un feedback complet sur leur travail, profiteront du temps d'instruction auquel ils ont droit et pourront à nouveau suivre l'enseignement obligatoire. Les autres écoles primaires ne seront pas entièrement ouvertes. Dans ces écoles, les élèves continueront à se débattre avec un enseignement en ligne moins efficace, pour autant qu’il existe un enseignement à distance. Les 10.000 PC offerts aux élèves modestes en Flandre ne représentent que 10% des besoins. Pour eux le risque de décrochage scolaire est grand. C’est dommage car nous avions réussi en Belgique à réduire de façon importante ce décrochage scolaire depuis plusieurs années.
Nous pensons aussi que toutes les écoles primaires devraient restées ouvertes jusqu'au 30 juin inclus. De cette manière, des évaluations non certificatives pourront encore être réalisées et le temps d'enseignement pourra être exploité pleinement. Chaque jour d'instruction compte. Les écoles devraient organiser les conseils de classe pendant la première semaine de juillet. Et des séances de remédiations pourraient être offertes par toutes les écoles primaires en juillet et aout. Nous avons dans notre enseignement en Belgique plus de 20% des élèves qui ne maitrisent pas les savoirs et compétences de base. Ne créons pas une génération Corona d’élèves.
[1] Michel Belot et Dinand Webbink, Do teachers strike harms educational attainment of students, Labour 24, December 2010
https://doi.org/10.1111/j.1467-9914.2010.00494.x
Malheureusement, certaines écoles ont déjà annoncé qu'elles ne rouvriraient pas leurs classes. Vu les coûts énormes et croissants à long terme découlant de la fermeture des écoles, les troubles psycho-sociaux de plus en plus sérieux des jeunes relayés par les pédiatres et la pétition des 16.000 médecins généralistes et les défaillances de l'enseignement en ligne, cette décision est discutable. En effet les inégalités entre écoles sont les plus élevées dans notre pays. Si l’on regarde les scores PISA en mathématiques, à l'âge de 15 ans, on constate un écart entre les écoles les plus performantes et les moins performantes de près de 160 points PISA. Cela est vrai tant pour l’enseignement francophone que pour l’enseignement flamand. Dans la mesure où 40 points PISA sont l'équivalent de ce qu'un élève apprend au cours d'une année scolaire, la différence moyenne entre ces écoles d’en haut et celles d’en bas dans l’enseignement général peut atteindre quatre années scolaires. Dans les écoles professionnelles et techniques, cette différence est d'environ 2,5 ans. Un autre aspect important est l’impact à long terme de la fermeture des écoles. Une économiste Michèle Belot a estimé l’impact durable de la grève des enseignants francophones entre mai et novembre 1990 en comparant les cohortes d’élèves francophones impactés par cette grève et les élèves flamands non impactés par la réforme.[1] Les conclusions sont sans appel : les trajectoires scolaires sont fortement perturbées avec une baisse de 0,7 année de la durée des études (liée à des décrochages et abandons scolaires), les inscriptions dans l'enseignement supérieur sont réduites, et l'échec en première année augmente. Dans l’'Ecole de la Réussite (2017) nous montrons que les élèves de familles modestes ont 7 fois plus de risque d'échec scolaire! La fermeture prolongée des écoles risque de laisser des séquelles durables. Les gens se trompent donc quand ils prennent l'exemple des grèves de l’enseignement pour dédramatiser les conséquences de la fermeture des écoles.
L'autonomie devient une véritable source d'inégalité
Nos ministres de l'enseignement doivent donc décider de rendre obligatoire l'ouverture complète des écoles primaires. Dans des circonstances normales, l’autonomie des écoles est défendable car elle confère une impulsion de qualité à notre éducation. Mais dans les circonstances exceptionnelles du moment, cette autonomie devient une véritable source d'inégalité. Certaines écoles primaires rouvriront complètement, de sorte que les élèves bénéficieront à nouveau de l'encadrement professionnel de l'enseignant, recevront un feedback complet sur leur travail, profiteront du temps d'instruction auquel ils ont droit et pourront à nouveau suivre l'enseignement obligatoire. Les autres écoles primaires ne seront pas entièrement ouvertes. Dans ces écoles, les élèves continueront à se débattre avec un enseignement en ligne moins efficace, pour autant qu’il existe un enseignement à distance. Les 10.000 PC offerts aux élèves modestes en Flandre ne représentent que 10% des besoins. Pour eux le risque de décrochage scolaire est grand. C’est dommage car nous avions réussi en Belgique à réduire de façon importante ce décrochage scolaire depuis plusieurs années.
Toutes les écoles primaires devraient restées ouvertes jusqu'au 30 juin inclus
Nous pensons aussi que toutes les écoles primaires devraient restées ouvertes jusqu'au 30 juin inclus. De cette manière, des évaluations non certificatives pourront encore être réalisées et le temps d'enseignement pourra être exploité pleinement. Chaque jour d'instruction compte. Les écoles devraient organiser les conseils de classe pendant la première semaine de juillet. Et des séances de remédiations pourraient être offertes par toutes les écoles primaires en juillet et aout. Nous avons dans notre enseignement en Belgique plus de 20% des élèves qui ne maitrisent pas les savoirs et compétences de base. Ne créons pas une génération Corona d’élèves.
[1] Michel Belot et Dinand Webbink, Do teachers strike harms educational attainment of students, Labour 24, December 2010
https://doi.org/10.1111/j.1467-9914.2010.00494.x