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Energie: Évolution de la marge de réserve belge sans investissement de remplacement

La Figure 1 illustre l’évolution de la marge de réserve en Belgique de 2013 à 2030. Il est supposé dans ce contexte que la demande de pointe (à ne pas confondre avec la demande annuelle) augmente légèrement et que les anciennes centrales sortent du système comme prévu. Compte tenu des conditions de marché très difficiles, avec des prix trop faibles pour attirer les capitaux[1] , les investissements de remplacement ne se font pas spontanément. La Figure 1 montre l’évolution de la marge de réserve d’une part sans (RM no Res) et d’autre part avec la contribution potentielle des technologies renouvelables tributaires des conditions météorologiques. Pour cette dernière option, nous présentons deux alternatives dans le cadre desquelles nous supposons que respectivement 5% ou 10% de la capacité éolienne soit toujours disponible (5% CF éolien et 10% CF éolien).

À défaut des investissements de remplacement nécessaires d’ici à 2030[2] , la marge de réserve évoluera de ‘légèrement négative’ cette année à ‘très problématique’ (environ -40%) d’ici 2024. Ce pourcentage de -40% est exprimé par rapport à la demande de pointe, et correspond à un manque de capacité d’environ 5 300 MW. La prise en compte d’une partie de la capacité éolienne d’ici à 2024 ne fait pas une grande différence en termes de marge de réserve. Mais après 2025, cette marge de réserve deviendra si problématiquement basse que la petite part représentée par la capacité éolienne fera effectivement une différence.

À  partir de 2025, année finale de la sortie progressive du nucléaire, la marge de réserve va s’effondrer et atteindre un niveau incroyablement bas. Avec une marge de réserve qui est inférieure à -100%, l’investissement de remplacement doit être supérieur à la demande de pointe. Pour ramener la marge de réserve dans le positif d’ici 2025, il faut un investissement de remplacement de plus de 13 000 MW. À moyen terme, la sortie du nucléaire signifie donc qu’il faudra mettre en place une capacité de remplacement équivalente au double des 6 000 MW que représente le nucléaire. Avant même que la sortie du nucléaire ne soit finalisée, donc avant 2025, nous aurons besoin d’une capacité de remplacement égale à la capacité que représente actuellement le nucléaire.

La marge de réserve deviendra négative dans les années à venir et ne redeviendra pas spontanément positive. Comme nous ne pouvons pas non plus partir du principe que les conditions du marché s’amélioreront radicalement d’ici peu, notre gouvernement doit donc élaborer une feuille de route pour atteindre les 13 000 MW recherchés. Cette feuille de route devrait mettre un accent fort sur une réduction et un déplacement de la demande de pointe. Le Plan Wathelet de 2013 est une bonne base pour une telle feuille de route. D’ici à 2025, il serait souhaitable que soit défini un plan stratégique général reprenant une succession d’objectifs en matière de capacité et de gestion de la demande à court terme. Un plan stratégique à long terme doit en outre s’intéresser aux modèles de marché qui correspondent le mieux aux objectifs stratégiques. Le modèle de marché actuel n’attire pas les investissements nécessaires, et il faudrait dès lors certainement envisager une adaptation du modèle de marché.