Stratégie de déconfinement dans une perspective plus longue
La lutte contre le coronavirus est fondée sur l'expertise médicale. C'est positif. Une politique efficace repose sur la responsabilité engagée des décideurs politiques et sur la confiance qu'ils accordent aux citoyens. Une politique efficace offre toujours des perspectives. Et une politique efficace dégage intelligemment les priorités entre plusieurs objectifs équivalents, en l'occurrence la santé et l'économie. Cela dit, il est toujours possible de mieux faire.
Pendant trop longtemps, la politique en matière de coronavirus s'est limitée au court terme. La bonne gouvernance exige des perspectives, tant pour les personnes qui suivent les restrictions de manière disciplinée que pour les entreprises et les sociétés qui doivent se retrousser les manches. Une politique efficace protège la santé publique et limite les dégâts sociaux et économiques. Les retards d'apprentissage de nos enfants, nous les tolérons depuis plusieurs décennies. Vendredi dernier, le gouvernement a enfin entr’ouvert une porte.
Le fait que cette nouvelle perspective comprenne des réserves n'était pas inattendu, et se justifie. Les mesures de base restent en vigueur, et si le virus regagne du terrain le gouvernement fera marche arrière. C’est compréhensible. Enfin nous disposons d'un calendrier de déconfinement progressif, sous réserve de l'apparition de nouveaux foyers. Il a fallu trop de temps pour l'élaborer et la perspective – en l’occurrence d'un mois - est excessivement court-termiste. Sous-estimons-nous l'urgence pour l'économie ? Les gouvernements n'oublient-ils pas de capitaliser sur la bonne volonté de la population ?
Assumer les responsabilités politiques demeure une gageure dans ce pays. Un plan clair à long terme aurait inspiré davantage confiance aux entreprises et aux citoyens. Or, même les pouvoirs spéciaux n'ont pas incité le gouvernement à le faire.
Une stratégie de déconfinement intelligente repose sur des tests à grande échelle, un traçage actif et des masques, précisément pour trouver l'équilibre entre économie et santé. Nous en parlons depuis longtemps, et nous n'y sommes toujours pas bien préparés. Trop de temps a été gaspillé pour préparer correctement les tests et les recherches, ce qui a hypothéqué le déconfinement à proprement parler. Les tests commencent à être effectués, mais avec une capacité trop faible. Et tracer ... avec un crayon et du papier ? En 2020 ?
Le fondamentalisme de la protection de la vie privée entrave-t-il l'introduction de cette technologie ? Le traçage anonyme n'est pas une atteinte à la vie privée : optez donc pour cette solution temporaire dans cet état d'urgence. La Convention européenne des droits de l'homme l'autorise explicitement, tant pour préserver la prospérité économique que la santé publique. Il faut le faire dès à présent. Il faut faire confiance aux citoyens, qui coopèrent de manière très disciplinée au respect des restrictions : capitalisez sur cette discipline. Expliquez aux citoyens que d'eux dépendent le succès de la stratégie de déconfinement et les délais de sortie. La technologie - de simples smartphones - est dans nos poches, ce qui rend le traçage ciblé opérationnel rapidement. C'est bien connu : dans certains pays, le taux de participation était trop faible et il a fallu invoquer la responsabilité de chacun. Appelez-en à la confiance et à la responsabilisation de la population, pour le succès du déconfinement.
Ce principe ne s'applique-t-il pas également au suivi des décisions ? Les mesures annoncées doivent être mises en œuvre et maintenues. Au début de la crise, le ministre des finances a confronté les banques à leur responsabilité par rapport aux besoins de crédit spéciaux des entreprises pendant le confinement. Un accord bancaire a été rapidement conclu. Hélas, sa mise en œuvre a échoué. Nous ne pouvons pas nous permettre un tel échec. Toutes les banques doivent suivre l'exemple des plus performantes. Elles doivent maintenir la liquidité des entreprises qui le méritent en intervenant rapidement, de manière à garder l'économie en mouvement.
La solvabilité des entreprises mérite également une plus vive attention. De nombreux « groupes de travail » étudient des propositions utiles, mais les décisions politiques font défaut. Par conséquent, dans certains secteurs près de la moitié des entreprises risquent la faillite en raison de l'accumulation des pertes. Là encore, dans d'autres pays un cadre semble se mettre en place pour le soutien temporaire et conditionnel d'activités critiques et stratégiques. Ces pays sont également tournés vers l'avenir, vers l'innovation et vers des formes de financement souples et flexibles pour les start-ups et les scale-ups. Les entreprises sont protégées de tentatives d'achat internationales. La Belgique est à la traîne à cet égard. Des décisions intelligentes doivent être prises dans ce cadre. Les exemples sont là. Reste à prendre des décisions !
Une bonne gouvernance fait preuve de détermination et de responsabilité, et implique positivement ses citoyens. Plus que jamais, ceux-ci se sont engagés. Capitalisez sur cette fierté partagée pour continuer à collaborer de manière optimale. Les excuses sont gratuites. Élaborez dès maintenant un calendrier à long terme. Oui, il se peut que nous devions réintroduire des restrictions si l'évolution virologique l'exige. Mais, tous ensemble, nous pouvons réduire ce risque de manière significative.
Nous sommes dans un état d'urgence rare. Tout le monde s'est jeté à l'eau - les travailleurs de la santé en tête - mais aussi, rappelons-le, les parents et leurs enfants à la maison ! Ensemble, nous avons encore un long parcours à accomplir vers la sortie.
Nous avons besoin d'une stratégie de relance solide pour réparer les dégâts économiques et budgétaires. Ici aussi, leadership et sang-froid sont de rigueur. Un plan d'urgence est nécessaire pour les mesures d'accompagnement telles que les tests et le traçage. L'inertie n'est plus tolérable. C'est maintenant, précisément, que la politique doit prendre ses responsabilités et inspirer confiance, impliquer les citoyens et les entreprises.
C'est la vraie valeur du vivre-ensemble. Parfois, cela consiste aussi à lutter ensemble.
Pendant trop longtemps, la politique en matière de coronavirus s'est limitée au court terme. La bonne gouvernance exige des perspectives, tant pour les personnes qui suivent les restrictions de manière disciplinée que pour les entreprises et les sociétés qui doivent se retrousser les manches. Une politique efficace protège la santé publique et limite les dégâts sociaux et économiques. Les retards d'apprentissage de nos enfants, nous les tolérons depuis plusieurs décennies. Vendredi dernier, le gouvernement a enfin entr’ouvert une porte.
SITUATION D’URGENCE ECONOMIQUE
Le fait que cette nouvelle perspective comprenne des réserves n'était pas inattendu, et se justifie. Les mesures de base restent en vigueur, et si le virus regagne du terrain le gouvernement fera marche arrière. C’est compréhensible. Enfin nous disposons d'un calendrier de déconfinement progressif, sous réserve de l'apparition de nouveaux foyers. Il a fallu trop de temps pour l'élaborer et la perspective – en l’occurrence d'un mois - est excessivement court-termiste. Sous-estimons-nous l'urgence pour l'économie ? Les gouvernements n'oublient-ils pas de capitaliser sur la bonne volonté de la population ?
Assumer les responsabilités politiques demeure une gageure dans ce pays. Un plan clair à long terme aurait inspiré davantage confiance aux entreprises et aux citoyens. Or, même les pouvoirs spéciaux n'ont pas incité le gouvernement à le faire.
SOMMES-NOUS PRETS POUR UNE STRATEGIE DE DECONFINEMENT INTELLIGENTE ?
Une stratégie de déconfinement intelligente repose sur des tests à grande échelle, un traçage actif et des masques, précisément pour trouver l'équilibre entre économie et santé. Nous en parlons depuis longtemps, et nous n'y sommes toujours pas bien préparés. Trop de temps a été gaspillé pour préparer correctement les tests et les recherches, ce qui a hypothéqué le déconfinement à proprement parler. Les tests commencent à être effectués, mais avec une capacité trop faible. Et tracer ... avec un crayon et du papier ? En 2020 ?
Le fondamentalisme de la protection de la vie privée entrave-t-il l'introduction de cette technologie ? Le traçage anonyme n'est pas une atteinte à la vie privée : optez donc pour cette solution temporaire dans cet état d'urgence. La Convention européenne des droits de l'homme l'autorise explicitement, tant pour préserver la prospérité économique que la santé publique. Il faut le faire dès à présent. Il faut faire confiance aux citoyens, qui coopèrent de manière très disciplinée au respect des restrictions : capitalisez sur cette discipline. Expliquez aux citoyens que d'eux dépendent le succès de la stratégie de déconfinement et les délais de sortie. La technologie - de simples smartphones - est dans nos poches, ce qui rend le traçage ciblé opérationnel rapidement. C'est bien connu : dans certains pays, le taux de participation était trop faible et il a fallu invoquer la responsabilité de chacun. Appelez-en à la confiance et à la responsabilisation de la population, pour le succès du déconfinement.
MAINTIEN
Ce principe ne s'applique-t-il pas également au suivi des décisions ? Les mesures annoncées doivent être mises en œuvre et maintenues. Au début de la crise, le ministre des finances a confronté les banques à leur responsabilité par rapport aux besoins de crédit spéciaux des entreprises pendant le confinement. Un accord bancaire a été rapidement conclu. Hélas, sa mise en œuvre a échoué. Nous ne pouvons pas nous permettre un tel échec. Toutes les banques doivent suivre l'exemple des plus performantes. Elles doivent maintenir la liquidité des entreprises qui le méritent en intervenant rapidement, de manière à garder l'économie en mouvement.
La solvabilité des entreprises mérite également une plus vive attention. De nombreux « groupes de travail » étudient des propositions utiles, mais les décisions politiques font défaut. Par conséquent, dans certains secteurs près de la moitié des entreprises risquent la faillite en raison de l'accumulation des pertes. Là encore, dans d'autres pays un cadre semble se mettre en place pour le soutien temporaire et conditionnel d'activités critiques et stratégiques. Ces pays sont également tournés vers l'avenir, vers l'innovation et vers des formes de financement souples et flexibles pour les start-ups et les scale-ups. Les entreprises sont protégées de tentatives d'achat internationales. La Belgique est à la traîne à cet égard. Des décisions intelligentes doivent être prises dans ce cadre. Les exemples sont là. Reste à prendre des décisions !
SAUVER LES MEUBLES
Une bonne gouvernance fait preuve de détermination et de responsabilité, et implique positivement ses citoyens. Plus que jamais, ceux-ci se sont engagés. Capitalisez sur cette fierté partagée pour continuer à collaborer de manière optimale. Les excuses sont gratuites. Élaborez dès maintenant un calendrier à long terme. Oui, il se peut que nous devions réintroduire des restrictions si l'évolution virologique l'exige. Mais, tous ensemble, nous pouvons réduire ce risque de manière significative.
Nous sommes dans un état d'urgence rare. Tout le monde s'est jeté à l'eau - les travailleurs de la santé en tête - mais aussi, rappelons-le, les parents et leurs enfants à la maison ! Ensemble, nous avons encore un long parcours à accomplir vers la sortie.
Nous avons besoin d'une stratégie de relance solide pour réparer les dégâts économiques et budgétaires. Ici aussi, leadership et sang-froid sont de rigueur. Un plan d'urgence est nécessaire pour les mesures d'accompagnement telles que les tests et le traçage. L'inertie n'est plus tolérable. C'est maintenant, précisément, que la politique doit prendre ses responsabilités et inspirer confiance, impliquer les citoyens et les entreprises.
C'est la vraie valeur du vivre-ensemble. Parfois, cela consiste aussi à lutter ensemble.