Il est urgent que les enfants retournent à l'école
Les cours étant suspendus, la crise du coronavirus frappe les jeunes de plein fouet. Lorsque les écoles ouvriront pour certains élèves le 18 mai, les élèves auront manqué 34 jours d'école. Pour cinq journées de fréquentation l'an dernier, les élèves en ont manqué une cette année. Si les portes de l'école restent fermées jusqu'à la fin de l'année scolaire pour certains élèves, ceux-ci auront perdu 65 jours de cours sur un total de 182 jours : soit un tiers des jours d’école.
Les conséquences de cette fermeture sont dramatiques à long terme. Notamment, les élèves risquent d'être irrémédiablement désavantagés sur le plan de l'apprentissage, le fossé entre les élèves forts et les élèves en difficulté se creuse, le risque décrochage scolaire s’accentue et les élèves seront privées de compétences essentielles.
L'enseignement flamand a décidé de recourir à l'enseignement à distance immédiatement après les vacances de Pâques pour na pas perdre l’année scolaire et parce que les parents ne sont pas des professeurs. De nouveaux contenus d'apprentissage ont été proposés aux jeunes sous la forme de "preteaching" qui vise à préparer le retour en classe. Bien qu'une partie des élèves restent inaccessible et que l'enseignement à distance ne soit pas aussi efficace que l'enseignement ordinaire, cette formule contribue à limiter les dégâts à long terme de la crise pour la plupart des élèves.
Le contraste avec l'enseignement francophone est saisissant. Par crainte d'une inégalité croissante et en raison de la fracture numérique entre les élèves, il a été décidé qu'aucun élève n'aurait cours à distance. Les apprentissages sont limités à la remédiation-consolidation-dépassement. Les élèves reçoivent donc depuis la mi-mars des d'exercices de révision qui consolident la matière déjà vue avec un réel risque de démotivation progressive. Sous prétexte d'une plus grande égalité, les élèves à risque sont de fait pénalisés. C’est eux qui ont le plus besoin du soutien scolaire pour continuer à progresser car pour les autres l’apprentissage continuera à se faire avec ou sans les professeurs.
Les résultats de l'enseignement francophone étaient déjà connus lors de la dernière enquête Pisa : 495 points PISA, soit bien en dessous des 518 points Pisa en Flandre. Cet écart de résultats entraîne selon les meilleures estimations une différence de 0,40 point de pourcentage dans la croissance économique à long terme, soit plus d'un tiers de la croissance annuelle wallonne à long terme de 1,1%.
La différence de réponse à la crise du coronavirus dans l’enseignement du nord et du sud du pays va ralentir le rattrapage économique de la Wallonie. Même si le "preteaching" n'est pas aussi efficace qu'une journée d'enseignement ordinaire, la différence des rythmes d’enseignement entre régions, en accentuant les écarts scolaires entre régions, pourrait selon nos estimations, creuser l’écart de croissance régionale de long terme de 25%.
La peur qui s’est installée face à la réouverture des écoles est probablement excessive. Il suffit de regarder les pays voisins où le retour à l’école s’est passée sans encombre et pour la plus grande joie des enfants. Les enseignants pourraient être protégés par des panneaux de plexiglas installés dans la salle de classe, et nous pourrions réduire les contacts dans les transports publics et à la porte de l'école en commençant les cours à des heures différentes. Un enseignement mixte à distance et en présentiel pourrait aussi réduire les contacts. Cela exige un investissement urgent dans les supports techniques pour l’enseignement à distance et dans la distribution de PC aux enfants de famille modeste. Tout cela exige une meilleure coordination côté francophone sur la question du digital dans l’enseignement. Mais tout cela est possible comme en témoigne les universités qui ont toutes basculées en un week-end dans l’enseignement à distance. Enfin, nous pourrions organiser une "école de la seconde chance" au profit des élèves en difficulté durant une partie des deux mois de congés scolaires d’été. N’oublions pas que dans les milieux modestes l’école est parfois la seule chose qui permette à l’enfant de s’élever.
Les conséquences de cette fermeture sont dramatiques à long terme. Notamment, les élèves risquent d'être irrémédiablement désavantagés sur le plan de l'apprentissage, le fossé entre les élèves forts et les élèves en difficulté se creuse, le risque décrochage scolaire s’accentue et les élèves seront privées de compétences essentielles.
Le contraste avec la Flandre
L'enseignement flamand a décidé de recourir à l'enseignement à distance immédiatement après les vacances de Pâques pour na pas perdre l’année scolaire et parce que les parents ne sont pas des professeurs. De nouveaux contenus d'apprentissage ont été proposés aux jeunes sous la forme de "preteaching" qui vise à préparer le retour en classe. Bien qu'une partie des élèves restent inaccessible et que l'enseignement à distance ne soit pas aussi efficace que l'enseignement ordinaire, cette formule contribue à limiter les dégâts à long terme de la crise pour la plupart des élèves.
Le contraste avec l'enseignement francophone est saisissant. Par crainte d'une inégalité croissante et en raison de la fracture numérique entre les élèves, il a été décidé qu'aucun élève n'aurait cours à distance. Les apprentissages sont limités à la remédiation-consolidation-dépassement. Les élèves reçoivent donc depuis la mi-mars des d'exercices de révision qui consolident la matière déjà vue avec un réel risque de démotivation progressive. Sous prétexte d'une plus grande égalité, les élèves à risque sont de fait pénalisés. C’est eux qui ont le plus besoin du soutien scolaire pour continuer à progresser car pour les autres l’apprentissage continuera à se faire avec ou sans les professeurs.
Les résultats de l'enseignement francophone étaient déjà connus lors de la dernière enquête Pisa : 495 points PISA, soit bien en dessous des 518 points Pisa en Flandre. Cet écart de résultats entraîne selon les meilleures estimations une différence de 0,40 point de pourcentage dans la croissance économique à long terme, soit plus d'un tiers de la croissance annuelle wallonne à long terme de 1,1%.
La différence de réponse à la crise du coronavirus dans l’enseignement du nord et du sud du pays va ralentir le rattrapage économique de la Wallonie. Même si le "preteaching" n'est pas aussi efficace qu'une journée d'enseignement ordinaire, la différence des rythmes d’enseignement entre régions, en accentuant les écarts scolaires entre régions, pourrait selon nos estimations, creuser l’écart de croissance régionale de long terme de 25%.
Les solutions
La peur qui s’est installée face à la réouverture des écoles est probablement excessive. Il suffit de regarder les pays voisins où le retour à l’école s’est passée sans encombre et pour la plus grande joie des enfants. Les enseignants pourraient être protégés par des panneaux de plexiglas installés dans la salle de classe, et nous pourrions réduire les contacts dans les transports publics et à la porte de l'école en commençant les cours à des heures différentes. Un enseignement mixte à distance et en présentiel pourrait aussi réduire les contacts. Cela exige un investissement urgent dans les supports techniques pour l’enseignement à distance et dans la distribution de PC aux enfants de famille modeste. Tout cela exige une meilleure coordination côté francophone sur la question du digital dans l’enseignement. Mais tout cela est possible comme en témoigne les universités qui ont toutes basculées en un week-end dans l’enseignement à distance. Enfin, nous pourrions organiser une "école de la seconde chance" au profit des élèves en difficulté durant une partie des deux mois de congés scolaires d’été. N’oublions pas que dans les milieux modestes l’école est parfois la seule chose qui permette à l’enfant de s’élever.