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Elections 2014 - Education: Développons les collaborations et l’implication des parents

Travailler en étroite collaboration avec les acteurs parascolaires (familles d’élèves, services d’accueil et d’intégration des primo-arrivants, associations d'accueil des jeunes en décrochage scolaire) n’est pas une pratique largement répandue parmi les établissements scolaires. C’est pourtant un moyen de renforcer la poursuite des missions dévolues à l’enseignement (décret « missions » du 24 juillet 1997). L’école connaît ses missions et les poursuit aussi bien que possible, mais ne peut se restreindre à ses murs pour prétendre relever un tel défi.



Dans les grandes villes, le taux de décrochage scolaire est élevé. À Bruxelles, un jeune de 18 à 24 ans sur cinq est en décrochage scolaire. Et ce taux stagne. Quel que soit le moyen mis en œuvre[1], il faut favoriser l’intégration de ces jeunes dans la société.



Graphique 1 - Taux de décrochage scolaire en région bruxelloise (en % de la population dans la tranche 18-24 ans)





Source: Eurostat (2013)    -   * rupture de série



Année     2001        2002        2003        2004        2005        2006        2007        2008        2009        2010        2011        2012



Hommes 22.9         26.4         21.9         19,4*       20.4         22.1         23.4         22.2         18.2         20.4         21.3         24.1



Femmes 19.3         18.7         15.8         16,9*       18.5         16.7         17.3         17.9         13.2         16.5         16.8         16.3



Total       21            22.4         18.8         18,1*       19.4         19.3         20.2         19.9         15.6         18.4         18.9         20.1



Il existe pourtant de nombreuses initiatives pour traiter le problème du décrochage scolaire. On dénombre en région bruxelloise 96 organismes qui opèrent en relais/soutien/accompagnement, le plus souvent à l'attention des jeunes de moins de 18 ans : aide en milieu ouvert (AMO), service d'accroche scolaire (SAS), etc. Malgré la multitude d'initiatives, le phénomène de décrochage scolaire ne se résorbe pas.



Nous l'avons vu, il est souhaitable d’intervenir, autant que possible, en amont du décrochage, en veillant à améliorer le bien-être et la motivation des élèves avant de les voir quitter leur école. Mais lorsque le décrochage est pressenti, une meilleure coordination entre l'école (qui voit encore occasionnellement le jeune) et les cellules du type AMO et SAS permettrait de mieux prendre en charge le parcours du jeune, quel que soient ses difficultés personnelles et le délai nécessaire pour envisager une réintégration sereine dans le milieu scolaire ou dans la société.



C’est souvent aussi à l’école qu’aboutissent des problèmes extrascolaires qui se traduisent ensuite par un retard scolaire qui à son tour ne fera qu’aggraver les problèmes déjà présents chez l’enfant. S’il est important et nécessaire d’adapter le fonctionnement et les moyens des écoles à cette situation, il est tout aussi nécessaire de s’attaquer aux causes fondamentales des problèmes, et ce par‑delà les murs de l’école. Compte tenu de la très grande diversité démographique et sociologique, les rapports entre parents ou familles d’une part, et écoles d’autre part, sont plus importants que jamais.



L’école doit abaisser ses murs. Tout le monde sait combien l’environnement à la maison et les parents sont importants pour la réussite scolaire des enfants. Les rôles de soutien et de discipline traditionnellement joués par les parents en Belgique sont beaucoup moins évidents dans de nombreuses familles issues de l’immigration ou dans les cas de situations familiales difficiles. Ce n’est pas la tâche des enseignants ni des directions d’écoles de reprendre le rôle des parents. Il leur appartient en revanche d’impliquer les parents de façon proactive, en se faisant aider le cas échéant par les organisations et services de concertation. Il est extrêmement important d’agir le plus tôt possible : beaucoup d’enfants victimes de problèmes familiaux accusent déjà un retard pédagogique avant même de commencer l’école, et ne rattrapent plus jamais ce retard par la suite. C’est aux pouvoirs publics d’agir à ce niveau en stimulant, en facilitant et en responsabilisant : un cadre, des moyens, mais aussi une culture de transparence et d’évaluation des résultats, comme souligné ci‑dessus.



Une collaboration avec les initiatives de soutien et d'accompagnement citées plus haut permettrait de:



•     concevoir un programme de communication qui tirerait les leçons d'expériences antérieures (échange de bonnes et de mauvaises pratiques);



•     cerner le profil des jeunes qui ne trouvent pas leur place dans ces projets;



•     bénéficier d'une voie privilégiée pour entrer en contact avec ces jeunes;



•     élaborer, en concertation avec les asbl, une stratégie pour toucher les jeunes qui ne bénéficient d'aucune aide.



En Région de Bruxelles-Capitale, la plateforme Jaccroche.be œuvre à la concertation entre les acteurs extérieurs à l'école. Il est urgent d'étendre cette concertation aux établissements scolaires.



De la même manière que pour le décrochage scolaire, il faut renforcer les liens entre l’école et les acteurs extérieurs, en particulier les organes d’accueil et les parents d’élèves. C’est le défi à relever pour rendre l’école elle-même plus accueillante.



« L’un des principaux obstacles dans la lutte contre la discrimination dans l’enseignement est le fossé qui existe, sur le plan de la communication, entre le milieu scolaire et le milieu familial des élèves défavorisés. Une politique axée sur un traitement plus égal exige la mise en œuvre d’un processus difficile d’intégration culturelle (dans les deux sens!) entre les deux parties.[2] »