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Elections 2014 - Emploi: Mobilisation pour la participation, également sur le marché du travail

Nulle part en Europe, la marginalisation sur le marché du travail des immigrants non européens et de leurs descendants n’est aussi forte qu’en Belgique. Cette bombe sociale à retardement ne peut être désamorcée que par une approche globale mobilisant toutes les dimensions de l’immigration et de la participation, par-delà tous les niveaux politiques.



Il convient également dans ce contexte de regrouper toutes les compétences liées au travail dans un seul guichet d’accueil : intégration, logement, FOREM, CPAS, ONEM, mutualité, octroi de crédit, etc. Chaque immigrant doit être rapidement et personnellement accueilli, encadré et responsabilisé dans sa recherche d’un emploi : tel est le contrat social auquel doit s’engager la Belgique en tant que pays d’accueil.



La concertation sociale peut rendre un grand service à elle-même et à la collectivité en ambitionnant un pacte de participation visant à améliorer dans diverses dimensions la participation des immigrants au marché du travail, avec la volonté de rechercher dans ce contexte l’engagement des secteurs d’activité, des syndicats et des employeurs. Formules de stages, audits de la diversité, collaborations avec des communautés de migrants : autant d’initiatives qui dans d’autres pays ont donné des résultats.



Dans ce cadre, des objectifs clairs doivent également être définis. La politique actuelle est non seulement trop morcelée ou trop incohérente, mais en plus, elle n’engage à rien.



Figure 11: Nulle part en Europe, le taux d’emploi des immigrants non-européens et de leurs descendants n’est aussi problématique qu’en Belgique





Figure 12: La corrélation entre le taux d’emploi et le niveau de formation est claire partout en Belgique. Les immigrants qui échouent sur les bancs de l’école, échouent sur le marché de l’emploi





Figure 13: Rassembler tous les services et toutes les compétences en un seul guichet, afin de mener de manière personnalisée chaque immigrant vers l’emploi





Il y a de nombreuses raisons qui expliquent pourquoi les migrants se présentent moins sur le marché du travail, sont moins actifs et sont davantage au chômage. Grosso modo, ces raisons peuvent – du moins du point de vue du marché du travail – être réparties en quatre catégories : le niveau d’enseignement et le retard linguistique, les facteurs socioculturels qui influencent l’offre de travail par le migrant lui-même et son fonctionnement, les facteurs institutionnels relatifs à la nature du travail disponible et aux caractéristiques de la règlementation et l’organisation du travail, ainsi que la micro-dimension au niveau de la demande sur le marché du travail, à savoir la politique de recrutement. Au vu de l’énormité et de la ténacité du problème, il n’y a qu’une seule bonne stratégie politique : une politique qui intègre tous ces aspects. En ne choisissant pas cette politique, on risque surtout de lutter contre les symptômes et de négliger les causes fondamentales.



Un point de départ évident pour une stratégie globale est qu’elle doit d’abord viser à éviter les problèmes sur le marché du travail. En effet, il vaut mieux éviter les problèmes que devoir les résoudre. La marginalisation de certains groupes de migrants sur le marché du travail commence déjà bien avant le marché du travail. L’absence d’une politique migratoire sélective, une intégration sociétale bancale dans les métropoles, des habitudes en matière de mariage qui compliquent l’intégration en raison de la venue de partenaires et de leurs familles n’ayant pas le moindre lien avec la Belgique, des résultats médiocres et la marginalisation dans l’enseignement... : de nombreux problèmes sur le marché du travail ont leur origine en dehors du marché du travail et doivent être abordés de front dès le départ.



Au vu de la situation structurelle dramatique, tous les niveaux de politique en Belgique devraient unir leurs efforts pour encadrer chaque migrant directement et de manière générale afin de l’aider dans la recherche d’un emploi. Selon moi, il serait nécessaire de réunir toutes les compétences importantes dans un seul guichet d’accueil : intégration, logement, FOREM, CPAS, ONEM, mutualité, octroi de crédit, etc. Le morcellement des compétences et des tâches est une réalité institutionnelle de notre pays complexe, mais leur exercice doit pouvoir être réuni si nous voulons vraiment enrayer la marginalisation tenace de certains groupes de migrants. Nous devons combiner les différents niveaux de politique et les engager dans une stratégie commune.



Chaque migrant, dans chaque localité, est différent. Il convient donc d’appliquer le principe « one stop »: un seul guichet pour chaque migrant, où tous les services pour l’intégration et la participation sont rassemblés. Nous pouvons le comparer à la philosophie d’« activation » classique, mais sur une base globale et avec une approche à 360° qui dépasse le simple marché de l’emploi lui-même.



Outre une activation et une approche personnelle généralisée, il convient de réaliser des initiatives capables d’abaisser le seuil vers le travail des deux côtés : tant pour le demandeur d’emploi que pour l’employeur. Il y a une logique commerciale forte pour plus de diversité. C’est là un levier constructif important pour attaquer la marginalisation. Et c’est justement en le faisant que nous comprendrons mieux les obstacles qui limitent l’employabilité effective du côté de la population issue d’immigration.



La concertation sociale, au niveau sectoriel et au sein des entreprises, a également un rôle à jouer dans tous ces aspects. La concertation sociale peut rendre un grand service à elle-même et à la collectivité en ambitionnant un pacte de participation visant, dans diverses dimensions et avec des objectifs bien précis, à améliorer la participation des immigrants au marché du travail, avec la volonté de rechercher dans ce contexte l’engagement des secteurs d’activité, des syndicats et des employeurs.



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