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Elections 2014 - Energie: Soutenir les sources d’énergie renouvelable non en tant que niche mais bien en tant qu’acteur à part entière du marché

Résumé : les énergies renouvelables doivent être soutenues en conformité avec le marché et non comme un secteur niche qui n’aurait aucun lien avec le système énergétique que nous souhaitons rendre globalement plus écologique, et non partiellement plus écologique. Le risque de surproduction d’électricité devient limité si l’on opte pour un soutien flexible.



L’offre d’électricité doit toujours suivre la demande. Cela sera également le cas si les énergies renouvelables deviennent la source de base de notre futur système énergétique. En l’absence de système de stockage, les technologies tributaires des conditions météorologiques (soleil et vent) ne peuvent cependant fournir qu’une contribution très limitée pour  répondre à la demande. À terme, différents systèmes de stockage de l’électricité arriveront probablement sur le marché, mais ils ne seront certainement pas opérationnels avant plusieurs années.



Les résultats obtenus avec le soutien des énergies renouvelables par MWh produit quelle que soit la demande d’énergie, ne sont pas toujours optimaux, avec parfois de la surproduction à des moments où la demande en électricité est très faible. Ceci donne périodiquement lieu à des prix négatifs et illustre la non-flexibilité de l’offre. Cette absence de flexibilité résulte de la combinaison d’une capacité nucléaire non flexible et de subventions de production fixes pour des énergies renouvelables, sans tenir compte de la valeur de marché de cette production. La poursuite de l’expansion de la production renouvelable peut accroître la fréquence et l’intensité d’éventuelles surproductions. Partant de la capacité actuelle et des investissements supplémentaires attendus dans l’éolien et le photovoltaïque, nous avons simulé dans la Figure 2 le risque et l’ampleur de surproduction électrique pour 2023. La simulation a été effectuée pour trois types de corrélations entre production et demande (« Av » étant la corrélation la plus probable entre production et demande), pour deux scénarios d’expansion de la capacité renouvelable (Fortes réserves: « High Res » et faibles réserves : « Low Res ») et pour trois types de soutien de la production renouvelable[1]. CFD est l’abréviation de Contract for Differences, c’est-à-dire une indemnisation par MWh liée au prix du marché auquel l’électricité est vendue. Les deux autres mécanismes supposent une participation au marché (MP) relativement efficace des technologies renouvelables. Dans le cas de « MP IR », les technologies intermittentes (vent et photovoltaïque) sont soutenues en fonction de la demande du marché, ce qui revient à la mise en place de ce qu’on appelle le curtailment, c’est-à-dire un arrêt de la production en cas de très faible demande, afin d’éviter la surproduction. La limitation de la production en cas de faible demande du marché est une mesure inévitable si la capacité de production intermittente augmente.



Figure 2–– Ampleur et fréquence de surproduction (d’électricité) en 2023





Pourcentage de temps annuel pendant lequel il y a un surplus (%)



En ce qui concerne la participation au marché (MP), les centrales à biomasse sont elles aussi exploitées en fonction du marché, donc pas en tant que centrales de charge de base, mais de façon flexible en fonction des conditions du marché et avec un facteur de charge[2] beaucoup plus bas sur base annuelle.



Il ressort de la Figure 2 qu’un soutien des énergies renouvelables dans le cadre d’un scénario à fortes réserves (High Res CFD), d’une façon non conforme au marché, donne lieu à de fréquentes surproductions et parfois à des surproductions extrêmes de plus de 6 000 MW. Ceci doit être évité à tout prix, et l’adaptation des mécanismes de soutien rigides n’est désormais plus une option mais une nécessité. Un soutien de toutes les technologies renouvelables (biomasse incluse) d’une façon plus conforme au marché entraînera des surproductions moins fréquentes et moins extrêmes (jusqu’à 3 000 MW).



Cette analyse montre comment des objectifs politiques différents peuvent entraîner une situation paradoxale de surproduction problématique, dans un contexte caractérisé par une marge de réserve négative et de sérieux risques en matière de sécurité. Tant la surproduction qu’une production insuffisante coûtent très cher. Il est dès lors nécessaire d’adapter la politique des subsides à la production destinée à permettre la mise en place d’objectifs d’offre. Les énergies renouvelables doivent être soutenues en conformité avec le marché et non comme un secteur niche qui n’aurait aucun lien avec le système énergétique que nous souhaitons rendre globalement plus écologique, et non partiellement, plus écologique. Une bonne part du risque de surproduction d’électricité disparaît si l’on opte pour un soutien flexible. Cela ne signifie pas pour autant que le soutien des énergies renouvelables deviendra moins coûteux.



[1] Voir le document de base pour tous les détails.



[2] Le facteur de charge mesure l’utilisation de la capacité, en exprimant la production réalisée sous forme de pourcentage de la production théorique à réaliser (en cas de production 24h/24h à puissance maximale).