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Elections 2014 - Financement: Une banque relationnelle sur mesure pour les petites entreprises innovantes

L’importance de la banque relationnelle



Nous savons que les petites entreprises sont particulièrement plus vulnérables au rationnement du crédit que les grandes entreprises. Les banques peuvent faire certaines choses pour changer cela. Il est notamment important de soutenir le modèle de banque relationnelle et de veiller à ce que les banques s’investissent suffisamment dans l’entretien de contacts personnels avec les PME. Diverses études dans plusieurs pays européens montrent qu’une connaissance et une pratique insuffisantes des petites entreprises clientes peuvent entraîner une inadéquation au niveau de l’octroi des crédits. Le financement à court terme des PME peut aussi être difficile quand les banques sont réticentes à encourir des frais fixes pour des montants limités et sur une courte durée. Les problèmes d’information peuvent naturellement aussi être dus au chef d’entreprise lui-même qui rechigne à fournir des informations, et qui souhaite garder le contrôle sur son entreprise et maintenir celle-ci à une petite échelle.



Proposition : prévoir l’espace nécessaire pour une évaluation personnalisée du crédit



Les banques recourent de plus en plus souvent à des modèles et des méthodes d’évaluation des risques‑client (credit scoring) qui ne conviennent pas à ce genre de projets. Avant, les analystes de crédit disposaient encore de la marge de manœuvre nécessaire pour faire valoir leur avis et leur pouvoir de jugement, et donner malgré tout une chance à ces entreprises en demande de crédit. Les études en la matière révèlent notamment l’importance de l’information ‘douce’ dans le processus d’octroi du crédit, c’est‑à‑dire les informations qui ne sont pas faciles à traduire en chiffres et qui sont de nature spécifique à l’entreprise. Le secteur bancaire doit absolument s’interroger sur les façons d’inverser cette tendance. Compte tenu du rôle sociétal des banques, un dialogue à ce sujet est certainement nécessaire entre les diverses parties prenantes. Mais cela implique également la mise en place d’un processus d’évaluation des crédits qui remet en avant l’exploitation des informations dites ‘douces’, et place face à face le pouvoir de décision autonome du banquier local et la tendance à la centralisation.



Il est en outre erroné de penser que, dans le contexte d’une banque relationnelle, une évaluation fondée davantage sur des informations ‘douces’ serait par définition plus risquée pour décider de l’octroi de crédits. Un meilleur monitoring de l’entreprise par la banque étant donné la proximité de cette dernière avec le bénéficiaire du crédit d’une part, et le fait que la banque sera moins ‘remplaçable’ par l’entreprise d’autre part, sont deux éléments qui jouent en faveur de la banque relationnelle.



À notre avis, la pratique d’un modèle bancaire relationnel n’est pas absolument conditionnée par la taille de la banque. En revanche, il existe pas mal d’études qui semblent dire que les grandes banques y arrivent moins bien. Aux États-Unis, des banques communautaires appelées ‘community banks’ jouent un rôle essentiel dans ce contexte. Mais il est essentiel que les banques belges démontrent, quelle que soit leur taille, qu’elles sont effectivement capables de tenir suffisamment compte de la diversité de leurs entreprises clientes. C’est aujourd’hui un véritable défi pour les segments ainsi mis en lumière.



Une ‘sécurisation’ responsable exige en tout cas de la transparence au niveau des risques du crédit et un historique de données suffisamment long. Des initiatives telles que les prêts win‑win, les fonds PME, et les services de factoring doivent encore être développées et portées à la connaissance des entreprises. Il est essentiel de soutenir les PME, entre autres dans le cadre de la préparation de leur dossier de crédit, afin de rendre leurs projets ‘banquables’. Les exigences en matière de cautions posent souvent problème pour les entreprises débutantes et les jeunes entreprises.



Il faudrait permettre que la tarification du crédit soit suffisamment différenciée par rapport à la structure des coûts et au rapport risque/rendement.



Les banques avaient par le passé un ‘service de dépistage’ plus développé qu’aujourd’hui, qui permettait de suivre de plus près et de soutenir les entreprises qui avaient des problèmes avec leurs crédits. Ce rôle devrait certainement être revalorisé. En effet, les personnes animées de l’esprit d’entreprise peuvent elles aussi traverser des périodes plus difficiles. Dans ce cas, le soutien apporté par un manager intérimaire (ou manager de crise) professionnel pourrait leur être d’un précieux secours. Dans ce domaine‑là aussi, notre pays présente encore d’importantes lacunes.



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