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Elections 2014 - Soins de santé: Renforcer la base, investir dans le personnel et innovation

Itinera plaide pour une exploitation optimale du personnel disponible, non pas en réduisant ses effectifs mais en l’utilisant de façon plus intelligente. Cela pourra se faire avant tout par le biais d’analyses coût/efficacité visant à déterminer l’effectif optimal en ressources humaines. Il a déjà été démontré qu’un meilleur déploiement du personnel se répercute favorablement au niveau des coûts. Une étude américaine a ainsi déterminé que pour chaque dollar investi dans l’augmentation des effectifs du personnel soignant, on en récupère les trois quarts sous forme d’une diminution des complications thérapeutiques et d’un raccourcissement de la durée de l’hospitalisation. Un effectif correct permet également de sauver des vies. Le risque de décéder à l’hôpital augmente de 7% par patient supplémentaire dont doit s’occuper un infirmier/une infirmière. Avec 11 patients par infirmier/infirmière, la Belgique est à la traîne par rapport aux autres pays européens (7 pour 1 aux Pays-Bas, et 5 pour 1 en Norvège). Le niveau de compétence du personnel soignant est lui aussi important. Une augmentation de 10% des effectifs infirmiers titulaires d’un baccalauréat (plutôt qu’un diplôme du professionnel supérieur), se traduira par une diminution de 7% du risque de décès chez les patients. Force est de constater une grande variation entre les hôpitaux belges à ce niveau, avec un taux de bacheliers oscillant entre 26% et 86%.



Via l’innovation des processus et le travail d’équipe, le personnel doit recevoir les armes nécessaires pour faire face aux attentes croissantes que l’on place dans son travail. Il faut soutenir dans ce contexte le développement d’itinéraires de soins. Le fonctionnement d’une équipe multidisciplinaire peut en outre être stimulé par la mise en place d’une réglementation plus flexible quant aux prestations de services des métiers de santé, autorisant un glissement et une différenciation des tâches (AR n°78). Il convient aussi de confier autant que possible à des équipes autogérées la responsabilité et le pouvoir de décision quant aux soins fournis. Il est contreproductif d’imposer arbitrairement un carcan de petites règles et de procédures. L’idée est de décentraliser le processus décisionnel et d’impliquer au maximum les médecins et prestataires de soins dans les projets d’amélioration. Il convient aussi d’apprendre aux collaborateurs à ‘travailler ensemble’, par exemple via l’organisation de plates-formes d’apprentissage communes dans le cadre de la formation aux métiers de la santé.



L’innovation doit aller de pair avec la rentabilité



La pénurie budgétaire provoquée par la crise financière impose la recherche d’économies dans tous les domaines. Le secteur des soins de santé n’échappe pas à la règle, mais en même temps, c’est un secteur qui exige par définition toujours plus de moyens : l’innovation permanente pèse en effet lourdement sur les dépenses. Nous devons être capables de suivre le mouvement si nous voulons continuer à améliorer notre santé publique. Parvenir à maîtriser le budget de la santé sans toucher à l’accessibilité, à la qualité et au caractère innovant du système est un véritable défi, que nous ne semblons en l’occurrence pas être en mesure de relever. Les recettes classiques appliquées par le passé, comme l’imposition de plafonds budgétaires, la ‘râpe à fromage’, l’augmentation de la quote-part du patient et la réduction du prix de certains médicaments, ne suffisent plus aujourd’hui et peuvent même se révéler contreproductives. Les diverses mesures d’économie tranchent dès lors de plus en plus dans le muscle plutôt que dans le gras, ce qui met l’innovation technologique en danger. Nous constatons que certains traitements, qui ont pourtant prouvé leur efficacité mais nécessitent un investissement initial, sont de plus en plus souvent refusés. L’accès aux médicaments novateurs est en baisse. Moins de 50% des nouvelles molécules enregistrées ces 3 dernières années en Europe sont disponibles en Belgique avec remboursement. Plus de 40% des nouveaux médicaments développés ces 3 dernières années n’ont pas été commercialisés en Belgique, alors que 80% d’entre eux l’ont bel et bien été dans au moins 4 pays comparables au nôtre. En outre, avec 392 jours, notre pays affiche le plus long délai d’attente entre l’enregistrement et la disponibilité des nouveaux médicaments, par rapport aux autres pays européens comparables.



Nous plaidons pour un plus grand choix en matière de gain pour la santé et donc de rentabilité. Pour le moment, ces principes ne sont appliqués que pour les nouveaux médicaments et limités en Flandre aux nouvelles mesures préventives. Des analyses de rentabilité permettent de vérifier si les gains pour la santé peuvent justifier les dépenses pour de nouvelles technologies médicales. Mais ces analyses ne doivent pas freiner  l’innovation. Les nouvelles technologies doivent recevoir l’opportunité de grandir. Pour pouvoir en bénéficier en temps utile sur le marché, il faut inclure à moyen terme un système de garantie du type ‘garantie de remboursement ou pas de remboursement’. Il faut en outre sortir plus vite du système de remboursement les technologies dépassées pour lesquelles il existe entre‑temps de meilleures alternatives