Vers l'aperçu

La politique climatique européenne promeut le charbon

La consommation de charbon a augmenté de 3,6% en Europe.

Itinera appelle les États membres européens à corriger le cap de la politique climatique sinon la transition énergétique en Europe risque d’être ralentie.

L'Europe est confrontée à des évolutions énergétiques problématiques. Johan Albrecht (Senior Fellow Itinera Institute) constate que la politique climatique européenne conduit à une progression du charbon. En 2011, la consommation de charbon en Europe a augmenté de 3,6%, tandis que la demande de gaz a baissé de 9%. Cette évolution, qui s'applique également à la Belgique, va à l'encontre de tous les scénarios de transition énergétique qui préconisent un remplacement des centrales au charbon par des centrales au gaz.

Le choix du charbon dans la production d'électricité est structurellement déterminé par la politique climatique européenne. La politique climatique actuelle lie un très faible prix du CO2 à des investissements importants dans les technologies des énergies renouvelables, avec une demande en électricité en légère baisse. Cela résulte en une surcapacité structurelle avec des bas prix d'électricité. En raison des coûts élevés des combustibles et avec une électricité à bas prix, des centrales au gaz performantes sont évincées du marché, tant en Belgique que dans le reste de l’Europe, par de vieilles centrales au charbon qui émettent beaucoup plus de CO2. Investir dans de nouvelles centrales au gaz n'est économiquement plus viable. Des centrales au gaz flexibles sont pourtant essentielles à l’indispensable transition énergétique à long terme. Itinera appelle les États membres européens à corriger le cap de la politique climatique, sinon la transition énergétique en Europe risque d’être ralentie. Puisqu’un ajustement de la politique actuelle n’est pas évident avant 2020, l'Europe doit clarifier les objectifs de réduction pour 2030. Pour limiter le coût de la politique climatique et accroître son efficacité, l'Europe devrait s’orienter vers une politique énergétique plus simple, sans toutes sortes d'objectifs secondaires (par exemple sur les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique).

Le leadership climatique européen mis sous pression: La consommation de charbon augmente de 3,6% - la demande de gaz baisse de 9%

L'Europe aime se profiler comme le leader sur la scène climatique internationale. L'Europe a une politique climatique complexe dont l'efficacité est loin d'être convaincante. Le tableau ci-dessous montre que l'Europe verte fait face à quelques évolutions énergétiques problématiques.

Dans la période de 2000 à 2010, la baisse des émissions de CO2 aux Etats-Unis (-5,7%) a été plus forte qu'en Europe (-4,4%). Ce qui est surtout frappant, c’est la progression récente du charbon - l'énergie produisant le plus de CO2. En 2011, la consommation de charbon a augmenté en Europe de 3,6% alors qu'aux USA, celle-ci a baissé de 4,6%. La demande de gaz en Europe a diminué de 9%. «Le choix du charbon dans la production d'électricité n'est pas un phénomène temporaire, mais est déterminé de manière structurelle par la politique climatique européenne": déclare Johan Albrecht.

 

Europe

Etats-Unis

Profil climatique international

Leadership

Retardataire

Coût politique climatique

Elevé

Plutôt moyen

Evolution émission de CO2 de 2000 à 2010

- 4.4% (UE-27) / -5.1% (UE-15)

-5.7%

Consommation charbon en 2011

+ 3.6%

-4.6%

Production charbon en 2011

Croissance (+2.6%)

Baisse

Consommation gaz en 2011

- 9%

+ 3.3%

Prix du gaz

Elevé

Faible

Choix d’investissement en électricité

Centrales au charbon

Centrales au gaz

 

La politique climatique européenne mène à la progression du charbon

Le système européen d'échange de quotas d'émissions (ETS) fait face à un important surplus de droits d’émission en raison de la crise économique. Cela rend le prix du CO2 très faible. Entre-temps, la demande d'électricité a légèrement diminué dans les grands pays tandis que l’on a fortement investi dans les technologies des énergies renouvelables. Il en résulte une surcapacité structurelle et des bas prix de l'électricité . "Actuellement, le prix de l'électricité est même trop faible pour compenser les coûts du combustible d'une centrale au gaz. Les centrales au gaz performantes sont évincées du marché par de vieilles centrales au charbon qui émettent beaucoup plus de CO2": déclare Johan Albrecht. Des pays tels que l'Allemagne font même face à la menace d’un lock-in du charbon, car il n’y a eu que des investissements dans des centrales au charbon suite aux plans de fermeture des centrales nucléaires. En Europe de l'Ouest on ne peut plus investir dans des centrales au gaz. Cette tendance menace de ralentir la transition énergétique. "

Les centrales au gaz sont nécessaires à la transition énergétique

A terme, la part dans le mix énergétique, des technologies des énergies renouvelables qui dépendent de conditions climatiques, comme les éoliennes, augmentera fortement. «La variabilité de cette production doit être compensée par des centrales au gaz à cycle ouvert flexibles. Les centrales au charbon n’offrent pas cette flexibilité ": déclare Johan Albrecht. En outre, nous pouvons réduire les coûts de la politique climatique en remplaçant les vieilles centrales au charbon par des centrales au gaz modernes. Ces investissements apportent une réduction de CO2 à un coût faible pour la société. Les centrales au gaz flexibles jouent un rôle clé dans l’indispensable transition énergétique à long terme.

Fermeture de centrales au gaz performantes conséquence du système d'échange de quotas d'émissions

Partant de la perspective dominante du CO2,  le gaz est considéré comme le carburant fossile ‘le plus propre’ tandis que le charbon fournit le plus d'impact en CO2. Les meilleures centrales au charbon ont une émission de 740 g CO2/kWh tandis qu'une centrale au gaz CCGT à la pointe de la technique émet moins de 400 g CO2/kWh. Pourtant le désavantage en CO2 du charbon ne joue pour l'instant aucun rôle majeur. Ce qui compte, ce sont les émissions autorisées dans le système d'échange de quotas d'émissions. Au plus il y a d’investissements dans les énergies renouvelables sans émissions de CO2, au plus le prix de l'électricité baissera sur les marchés journaliers entrainant ainsi un remplacement des centrales au gaz par des centrales au charbon. "Les fortes subventions pour les énergies renouvelables bénéficient indirectement à l'industrie du charbon tandis que les centrales au gaz performantes sont fermées": indique Johan Albrecht.

Pour des informations plus détaillées, vous pouvez consulter l'étude sur www.itinerainstitute.org.

Pour plus d'informations, contactez Johan Albrecht (Senior Fellow Itinera Institute) 0476/51 15 43

20121115steenkool_persfr.pdf
(165.58 Ko) Téléchargement
20121115steenkool_persfr.pdf
(165.58 Ko) Téléchargement